Ach-Châfi'i - الشافعي
(رحمه
الله)
Son nom
Abou 'Abdoullâh Mouhammad ibn Idrîss ibn
Al-Abbâs Ibn Othmân Ibn Châfi' ibn Assâib
ibn 'Abd ibn Yazîd ibn Hâchim ibn 'Abdil-Muttalib.
Sa naissance
Il est né en 150 H (772 selon le calendrier
grégorien) à Ghaza en Palestine, selon
l'opinion la plus reconnue.
Une autre version affirme qu'il est né à
Asqalon et une autre au Yemen. En tout état
de cause, il est né dans une région qui lui
était étrangère, et éloignée du pays
d'origine de sa tribu à la Mecque, dans le
Hidjâz.
Sa jeunesse
Son père est mort avant que Mouhammad ne le
connaisse, et il le laissa donc à sa mère,
qui était une femme appartenant à la tribu
des Azd. L'Imâm (qu'Allah l'agrée) commença
donc sa vie avec deux compagnons
inséparables : l'orphelinat et la pauvreté.
C'est pourquoi sa mère décida de l'emmener
avec elle à la Mecque pour s'y installer,
alors qu'il n'avait que deux ans en tout et
pour tout. L'Imâm Ach-Châfi'i a dit : "Je
suis né à Ghaza en l'an 150, qui est l'année
où s'est éteint
Abou Hanîfa" C'est pourquoi les gens
disent encore aujourd'hui concernant cette
année : "Un Imam est mort et un Imam est
né". L'Imam Ach-Châfi'i continue en disant :
"Ma mère m'a emmener avec elle à la Mecque
alors que je n'avais que deux ans."
Ses études et son apprentissage
Il apprit le Coran par coeur à la Mecque
étant encore un jeune enfant, puis il se mit
à étudier la langue arabe, la littérature et
la poésie avec ardeur, jusqu'à devenir une
référence dans ces trois matières.
Ismâîl ibn Yahiâ a dit : "j'ai entendu
Ach-Châfi'i dire : "J'ai appris le Coran à
l'âge de sept ans et le
Mouwattâ de l'Imam
Mâlik à l'âge de 10 ans". Puis il quitta
la Mecque pour rejoindre la tribu des Banî
Hudhayl, avec qui il resta plus de 17 ans,
car ils étaient la tribu la plus éloquente
de toute l'Arabie. Il apprit d'eux
l'éloquence de la langue et sa force, puis
ses aspirations se dirigèrent vers la
science du Hadîth et de la Jurisprudence (فقه)
qu'il alla rechercher chez de grands
maîtres. Il apprit, comme dit plus haut, le
Mouwatta de l'Imam
Mâlik. Il rencontra ce dernier, qui fut
subjugué par le jeune Mouhammad et sa
lecture. L'Imam Malik lui dit un jour : "Ô
fils de mon frère ! Apprends et Allah t'élevera."
Une autre fois, il lui dit : "Ô Mouhammad !
Crains Allah, car tu vas certainement avoir
un avenir d'une brillance hors du commun."
Ses différents voyages pour la recherche de
la science
L'Imâm Ach-Châfi'i effectua d'innombrables
voyages qui eurent un impact immense et
bénéfique sur sa science et ses
connaissances. En effet, il quitta la Mecque
pour Banî Hudhayl, puis il retourna à la
Mecque, puis se dirigea vers Médine, afin de
rencontrer l'Imam de la ville de l'Hégire, à
savoir L'Imam Malik ibn Anas qu'Allah
l'agrée. Puis après la mort de l'Imam Malik
(qu'Allah l'agrée), il s'installa à Baghdad
puis revint à la Mecque. Il la quitta une
fois encore pour retourner à Baghdad, puis
de Baghdad se dirigea vers l'Egypte.
Ibn Khallikân a dit : "L'hitoire de son
voyage vers l'Imam Malik est connue, c'est
pourquoi nous n'allons pas nous étendre à ce
sujet. Il alla ensuite à Baghdad en 195H,
dans laquelle il resta deux ans, puis il se
dirigea vers la Mecque, puis revint à
Baghdad en 198H, mais il n'y resta qu'un
mois. Enfin, il quitta Baghdad pour
l'Egypte, où il arriva en 199H (ou 201H
selon certaines versions). Il resta en
Egypte jusqu'à sa mort, le dernier vendredi
du mois de Rajab de l'an 204H."
La maîtrise qu'avait l'Imam de toutes sortes
de sciences
Ar-Rabî' ibn Suleymane rapporte : "Châfi'i
(qu'Allah lui fasse miséricorde) avait
l'habitude de s'asseoir dans son assemblée
après la prière du Sobh. C'est alors que
venait à lui les spécialistes du Coran. Ils
prenaient de sa science puis le quittaient
lorsque le soleil se levait. Venait alors le
tour des spécialistes du hadith, qui le
questionnaient au sujet de l'éxégèse et du
sens des paroles du Prophète zzz(صلى
الله عليه و سلم). Ils quittaient
l'assemblée lorsque le soleil était haut
dans le ciel, et l'assemblée se consacrait
alors à la confrontation des avis et à la
déduction. Lorsque l'heure du Dhohâ sonnait
(milieu de la matinée), les élèves se
levaient pour laisser place aux spécialistes
de la langue arabe, de la métrique (science
de la composition des vers de poésie), de la
grammaire et de la poésie. Ils restaient à
ses côtés et profitaient de sa science
jusqu'à ce que le soleil atteigne presque
son zénith, moment où l'Imam Ach-Châfi'i
quittait l'assemblée... qu'Allah l'agrée."
Mouhammad ibn Abdelhakam rapporte : "De ma
vie je n'ai vu quelqu'un de comparable à
Ach-Châfi'i. Les spécialistes du hadith
venaient à lui et lui présentaient les
sujets ardus de la science du hadith. Il
leur donnait alors des enseignements
concernant les secrets de cette science,
secrets dont ils n'avaient jamais soupçonné
l'existence auparavant . Ils se levaient
alors de l'assemblée, pleins d'admiration
pour l'Imam. Quant aux spécialistes de la
jurisprudence (fiqh) - qu'ils soient des
adeptes de son école ou non - ils ne
quittaient pas son assemblée sans
reconnaître sa suprématie. Les spécialistes
de la littérature lui présentaient des
poèmes, dont il n'avait aucune difficulté à
percer le sens profond. Il connaissait par
coeur 10 000 vers de poésie Hudhaylite (de
la tribu des Banî Hudhayl), de même qu'il
savait parfaitement les analyser et les
expliquer. En outre, il faisait partie des
plus grands savants concernant l'histoire
des arabes... et tout cela grâce à la
sincérité de ses actes pour Allah le
Très-Haut."
Mas'ab ibn Abdillah Az-Zubeyri a dit : "Je
n'ai jamais vu une personne plus versée dans
l'histoire des arabes que Châfi'i"
Il a été rapporté de Muslim ibn Khâlid
qu'il dit un jour à Mouhammad Ibn Idrîss
Châfi'i, alors qu'il n'était âgé que de 18
ans : "Emet des fatwas, Ô Abu Abdillah ! Car
tu as largement atteint le niveau pour cela
!"
El Humaydi a dit : "Bien que la volonté ne
nous (i.e. spécialistes du hadith) manquait
pas, nous ne savions comment répondre aux
juristes du Ra'y (juristes se basant
principalement sur l'analogie - ou Qiyâs -
pour légiférer, plutôt que sur les textes),
jusqu'à ce que Châfi'i apparut. C'est grâce
à lui que nous apprîmes à répliquer et à
vaincre nos adversaires".
Sa modestie et son amour de la vérité
Châfi'i était célèbre pour sa modestie et
son souci de retour à la vérité quand elle
n'était pas de son côté. La preuve en est de
ses multiples débats, cours et
fréquentations d'autres savants, de ses
élèves et des gens en général.
Al Hassan ibn Abdilaziz Al Djarawi El Misri
a dit : Châfi'i avait l'habitude de dire :
"Jamais je n'ai engagé de débat avec
quelqu'un en espérant que l'erreur soit de
son côté. Et jamais mon coeur n'a contenu
une quelconque science, sans que je ne
désire qu'elle soit dans le coeur de toute
personne et qu'elle ne me soit pas
attribuée."
Ach-Châfi'i a aussi dit : "Jamais je n'ai
engagé de débat avec quelqu'un si ce n'est
avec l'intention sincère de lui porter bon
conseil".
Il a aussi dit : "Jamais je n'ai présenté la
vérité et la preuve à quelqu'un puis il les
a acceptés, sans que mon amour et mon
respect pour lui n'aient augmenté. Et jamais
un personne ne s'est enorgueilli devant la
vérité et a rejeté la preuve, sans qu'il
soit profondément tombé dans mon estime."
Ce qu'il dit du fait de suivre la sounna et
de délaisser sa propre opinion
Il a dit :"Il n'est pas une personne sans
qu'une Sunna du Prophète ne lui échappe ou
ne lui parvienne. Alors quel que soit l'avis
que j'émets, ou quelle que soit la règle que
j'énonce, s'il existe une Sunna du Prophète
zzz(صلى الله
عليه و سلم)
qui contredit ma parole, il faut alors
revenir à la parole du Prophète zzz(صلى
الله عليه و سلم) que j'adopte
moi-même".
Il a aussi dit : "Si vous me voyez dire une
parole alors qu'il existe un hadith
authentique contredisant ma parole, sachez
que j'ai perdu la raison"
Sa piété et son adoration
Ar-Rabi' ibn Suleymane a dit : L'Imam
Châfi'i a dit : "Je jure par Allah que cela
fait 16 ans que je n'ai été rassasié, sauf
une fois... nourriture que mon organisme
rejeta d'ailleurs. En effet, combler sa faim
alourdit le corps, anéantit l'éveil, attire
le sommeil, et engendre la faiblesse face à
l'adoration."
Ar-Rabi' a aussi dit : "l'Imam Châfi'i avait
divisé sa nuit en trois : dans son premier
tiers il écrivait. Dans le second, il
dormait et dans le dernier il priait."
Il a aussi dit : "Les actes les plus
difficiles à pratiquer sont au nombre de
trois : la générosité malgré la pauvreté, la
crainte d'Allah dans l'isolement, et une
parole de vérité devant une personne que
l'on craint et de qui on espère."
Son éloquence et le témoignage des savants à
son sujet
L'Imam Châfi'i était d'une grande éloquence
et d'un très beau parlé. Il était une
référence dans la langue arabe, mais aussi
dans les langues des tribus avoisinantes. Il
s'adonna à l'étude de la langue arabe
pendant 20 ans, et ce malgré son éloquence
et son beau parlé d'origine. Il vécut
pendant un certain temps aux côtés de la
tribu des Bâni Hudhayl, ce qui eut des
conséquences bénéfiques et évidentes sur son
éloquence et l'augmentation de ses
connaissances dans la langue arabe, la
littérature et la poésie. A tout cela
s'ajoute ses recherches personnelles
constantes et sa lecture infatiguable,
jusqu'à être devenu une référence dans la
langue et la grammaire.
Abu Ubayd a dit : "Châfi'i faisait partie de
ceux auprès desquels on venait apprendre la
langue"
Abu Ayyoub Assuwaid a dit : "Apprenez la
langue arabe chez Châfi'i"
Al Asma'i a dit : "J'avais l'habitude de
corriger mes fautes de poésie hudhaylite
auprès d'un jeune à la Mecque qui s'appelait
Mouhammad Ibn Idrîss"
Ahmad Ibn Hanbal a dit : "Châfi'i faisait
partie des personnes les plus éloquentes. Et
l'Imam Malik était subjugué par sa lecture,
en raison de son éloquence."
Ahmad Ibn Hanbal a aussi dit : "Personne ne
touche un encrier ou une plume sans qu'il ne
soit redevable de quelque chose à Châfi'i".
Abu Nu'aym El Astrabâdhi a dit : j'ai
entendu Ar-Rabi' dire : "Si tu voyais
Châfi'i, son éloquence et son beau parlé, tu
en serais étonné. Et s'il avait écrit ses
livres avec la langue arabe qu'il utilisait
lors de nos débats, personne n'aurait pu les
lire, en raison de sa grande éloquence et de
la rareté de certaines de ses expressions.
Cependant, il s'efforçait de faire de telle
façon que ses oeuvres puissent être lues par
n'importe qui".
Sa mort
Le Grand Imam, le Savant, le Juriste, le
Guide et l'Exemple, Mouhammad Ibn Idriss
Châfi'i s'est éteint après la prière du
Maghreb, la nuit du vendredi, dernier jour
du mois de Rajab de l'an 204H, à l'âge de 54
ans.
Ibn Khallikane a dit : il y a eu consensus
des savants de toutes les contrées, parmi
les gens du hadith, du fiqh, des bases du
fiqh, de la langue, de la grammaire et des
autres sciences, au sujet de sa probité, sa
dignité, sa notoriété, sa frugalité, sa
crainte d'Allah, sa vie probe, sa place
élevée et sa générosité.
Ses livres
- La mère [Al-Oum]
-
La Risâla - les fondements du droit musulman
Ses professeurs
Mâlik, Mouslim ibn Khalîd az-Zangi,
Soufian ibn 'Ouyayna...
Sa méthodologie de jurisprudence
Il a dit: "Les sources premières sont le
Qur'ân et la Sunnah. S'il n'y trouve pas de
réponse assez claire, le juriste peut avoir
recours au Qiyâs sur la base du Qur'ân et de
la Sunnah. S'il existe un hadîth du Prophète
(sallallahu 'alayhi wa salâm) dont la chaîne
de rapporteurs est inintérrompue, aucune
autre source ne devra être consultée. Tout
consensus (ijmâ') sera prioritaire sur un
hadîth rapporté par une seule personne.
L'interprétation d'un hadîth doit être basée
sur son sens explicite. Si le hadîth permet
plusieurs interprétation, alors celles qui
se rapprochent le plus de son sens explicite
auront la priorité. S'il existe un certain
nombre de hadîth de même portée sur un sujet
particulier alors celui dont la source est
la plus authentique aura la priorité. Tout
hadîth dont la chaîne de rapporteurs est
intérrompue (mounqatî') ne sera pas valable
sauf ceux d'Ibn Moussayyib. Il n'est pas
admis de faire l'analogie ) partir d'un
principe (asl) qui a déjà déduit d'un
principe précédent. On ne peut intérroger ni
sur le pourquoi ni sur le comment d'une
source originale, contrairement aux sources
secondaires. Et si l'on peut effectivement
établir la validité d'une déduction
analogique établie à partir d'une source
originale, alors elle doit être acceptée
comme telle et avoir force d'argument ". (al-Minhâj
de l'Imâm an-Nawâwî et al-MouSanaf wa
al-fikr as-sâmî d'Ibn Moundhir)
Son école aujourd'hui
Elle compte environ 130 millions d'adhèrents
(Palestine, Liban, Egypte, Irak, Arabie
saoudite, Yémen, Indonésie, Inde du sud).
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