Louange à Allah
En
principe, les mots n’entendent pas les paroles des
vivants comme l’affirme le Très Haut en ces termes :
« Tu n’es point en mesure de faire entendre les
occupants des tombes » et « tu ne feras pas entendre
les mots.» Il est vrai cependant que quand le Prophète
(bénédiction et salut soient sur lui) s’adressa aux
mécréants tués au cours de la bataille de Badre et
jetés dans les puits où ils furent enterrés, Allah
leur fit entendre son discours. Ce qui constitue un
cas spécial d’après les dires des ulémas (Puisse Allah
leur accorder sa miséricorde) Se référer au livre
intitulé : al-ayat al bayyinat fi adami sam’aa
al-amwat.
Peut-être le motif de votre souhait de faire entendre
votre voix à votre père est-il votre volonté de tenter
le rétablissement d’un contact rompu, histoire
d’atténuer votre douleur.
Chère auteur de la question,
Sachez que la charia a expliqué en quoi le vivant peut
être utile au mort et ce que celui-là peur faire à
celui-ci. À ce propos, le Prophète (bénédiction et
salut soient sur lui) a dit : « Quand l’homme meurt,
ses œuvres sont interrompues sauf dans trois cas : une
aumône à caractère perpétuel ou un savoir utile ou un
enfant pieux qui prie pour lui » (rapporté par Mouslim,
1631).
Le plus important profit que l’on puisse apporter à
votre père, le meilleur service que vous puissiez lui
rendre, consiste à vous efforcer à implorer pour lui
le pardon, la miséricorde, le paradis,
l’affranchissement de l’enfer et d’autres bonnes et
belles prières.
L’imploration du pardon divin par les enfants mâles et
femelles du défunt au profit de ce dernier comporte un
grand avantage, conformément à ces propos du Messager
d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) :
« Certes, l’on élèvera le grade d’un homme au paradis
au point qu’il dira : « Comment ai-je pu avoir ça ? »
On lui dira alors : ceci est dû à l’imploration du
pardon divin par ton enfant à ton profit. » (rapporté
par Ibn Madja, n°3660 et cité dans Sahih al-Djami’,
1617).
L’aumône
aussi profite au défunt en vertu de ce hadith d’Aïcha
selon lequel un homme avait dit au Prophète
(bénédiction et salut soient sur lui) : « Ma mère est
décédée et je crois que si elle avait eu le temps de
parler, elle aurait recommandé une aumône. Serait-elle
récompensée si je faisais une aumône à la place ? »
« Oui » dit le Prophète (bénédiction et salut soient
sur lui) (rapporté par Boukhari, Fateh, 1388.)
D’après Ibn Abbas, la mère de Saad
ibn Ubada était décédée pendant son absence et il dit
au Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) :
« Messager d’Allah, ma mère est décédée pendant mon
absence. Lui serait elle utile si je faisait une
aumône à sa place ? - « Oui »- « Je vous prends alors
pour témoin que mon champ dit al-Mikharaf (appelé
ainsi en raison de l’abondance de ses fruits) est une
aumône pour elle » (rapporté par Boukhari, Fateh,
2756).
D’après Abou Hourayra
un homme a dit au Prophète (bénédiction et salut
soient sur lui) « Mon père est décédé et a laissé des
biens, mais n’a pas fait de testament. L’aumône que je
ferais à sa place pourrait-elle lui être expiratoire
?- « Oui » (rapporté par an-Nassai).
Les pèlerinages majeur et mineur, effectués par
quelqu’un qui les aurait déjà accomplis pour son
propre compte, profitent aussi un défunt pour lequel
ils sont entrepris.
Abd Allah ibn Bourayda rapporte d’après son père (P.A.a)
: « J’était assit près du Prophète (bénédiction et
salut soient sur lui) quand une femme se présenta à
lui et dit : j’avais fait don d’une esclave à ma mère,
et celle-ci est décédée ?
- « Vous avez mérité une récompense et l’esclave vous
revient en succession » « Messager d’Allah, elle avait
à effectuer le jeûne d’un mois. Puis-je le faire à sa
place ? » « Jeûnez à sa place »
- « Elle
n’avait pas fait le pèlerinage. Puis-je le faire à sa
place ? » « Faites-le à sa place » (rapporté par
Mouslim ) (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
dans son Sahih, n° 1149). Ceci indique en plus la
légalité du rattrapage du jeûne.
L’accomplissement du
vœu d’un défunt fait aussi partie des choses qui lui
profitent d’après le hadith d’Ibn Abbas (P.A.a) selon
lequel une femme se présenta au Prophète (bénédiction
et salut soient sur lui) et lui dit : «Ma mère avait
formulé le vœu d’effectuer le pèlerinage, mais elle
décéda avant de la faire.. Puis-je l’accomplir à sa
place ? »
-« Oui, faites le pèlerinage à sa place. Voyez-vous si
votre mère avait une dette, ne la régleriez-vous pas
? »
-« Si »
« Eh bien, la dette envers Allah est celle qui mérite
le plus d’être réglée.. » (Boukhari, Fateh, 7315)
Le fait que le parent
d’un défunt associe celui-ci au sacrifice qu’il égorge
profite encore au défunt. C’est pourquoi le Prophète
(bénédiction et salut soient sur lui) avait dit au
moment où il égorgeait son sacrifice : « Au nom
d’Allah, mon Seigneur, agrée de Muhammad et de la
famille de Muhammad » (rapporté par Mouslim, n°1967).
Car parmi les membres de la famille » de Muhammad il y
avait des vivants et des morts.
S’agissant de la visite des cimetières par les femmes,
une réponse a déjà été donnée. Se référer à
la question n°251.
Chère auteur de la question,
Sachez que
votre occupation par des prières sincères au profit de
votre père est plus importante et plus utile pour le
défunt que le fait de réfléchir à la possibilité de
lui faire entendre votre voix. Veillez surtout à ce
qui vous profite et lui profite et méfiez-vous, et
votre famille, des innovations interdites comme la
célébration du 40e jour du décès et la
commémoration du 1er anniversaire, les
assemblés (de lecture) de la Fatiha et les actes
contestables commis dans les cimetières etc. entre
autres choses que font les ignorants et dans
lesquelles les uns imitent les autres. Je demande à
Allah de pardonner votre père, de lui accorder Sa
miséricorde et de passer sous silence (ses fautes) et
d’en faire de même pour tous les Musulmans. Car Il est
le Pardonneur le Miséricordieux.