Louanges à Allah
Inculquer, c’est apprendre et faire
comprendre. Il s’agit ici de faire en sorte qu’il y
ait auprès du mourant quelqu’un qui lui rappelle de
prononcer : « il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah »
comme on l’apprend aux enfants : Par « mourant » on
entend l’agonisant.
La recommandation portant sur
l’inculcation du mot de la sincérité à celui qui se
trouve dans cet état vise à lui permettre de terminer
sa vie par elle, d’en faire se dernière parole. Voilà
pourquoi le Prophète (bénédiction et salut soient sur
lui) en a donné l’ordre selon ce hadith rapporté par
Abou Said al-Khoudri (P.A.a) : « Inculquez à vos
mourants : il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah ».
Muadh ibn Djabal affirme avoir
entendu le Messager d’Allah (bénédiction et salut
soient sur lui) dire : « Celui qui fait de : « il n’y
a pas de dieu en dehors d’Allah » sa dernière parole
aura mérité le paradis » (rapporté par Ahmad, 21529 et
par Abou Dawoud, 3116 et jugé bon par al-Albani dans
Irwa al-Ghalil, 687.
D’après Anas, le Messager d’Allah (bénédiction et
salut soient sur lui) se rendit une fois au chevet
d’un malade et lui dit :
-
« Oncle ! Dis : « il n’y a pas de dieu en dehors
d’Allah »
-
« Oncle maternel ou paternel ! »
-
« Oncle maternel »
-
« Est-il vraiment meilleur pour moi de le dire ? ! »
-
« Oui » (rapporté par Ahmad, 13414). AL-Albani dit
dans Ahkam al-djanaïz que sa chaîne de transmission
est sûre selon les critères de Mouslim.
Cependant il ne convient pas d’insister auprès du
malade pour qu’il répète la formule, s’il la prononce
et ne dit rien après.
An-Nawawi dit : « Ils (les ulémas) désapprouvent qu’on
insiste à inculquer trop d’éléments à l’agonisant ou
qu’on lui demande de répéter une formule. Il faut
éviter de l’accabler et de rendre son état plus
critique. Car il pourrait alors détester au fond de
lui-même la chose.
Ils (les ulémas) disent : il ne faut pas lui demander
de répéter la formule : « il n’y a pas de dieu en
dehors d’Allah »
à moins qu’il ne dise autre chose après l’avoir
prononcée . Dans ce cas, on lui demande d’en faire sa
dernière parole.
Quand Abd Allah ibn al-Moubarak agonisait, un homme se
mit à lui dire avec insistance : « dis : il n’y a pas
de dieu en dehors d’Allah ».
L’agonisant lui dit : « ce n’est pas bon et je crains
que tu ne fasses mal à un musulman après moi. Quand tu
m’as inculqué et que je n’ai suivis sans rien prononcé
après cela, tu devrais me laisser et attendre que je
prononce d’autres propos avant de recommencer
l’inculcation de sorte à faire de son contenu ma
dernière parole…»
Voir Siyar aalam an-nubalaa, 8/418.
Cette
inculcation est recommandée même si l’agonisant était
un infidèle. Car s’il prononçait la formule concernée
avant de rendre l’âme, elle lui serait utile,
dusse-t-il être châtié en fonction de ses péchés.
D’après Abou Hourayra (P.A.a) le Messager d’Allah
(bénédiction et salut soient sur lui) a dit :
« Inculquez « il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah »
Car celui qui en fait sa dernière parole avant de
mourir, entrera au paradis un jour, dusse-t-il subir
auparavant ce qu’il devra subir » (rapporté par Ibn
Hibban et jugé authentique par al-Albani dans Sahih
al-Djami, 5150.
La preuve que cette inculcation s’étend à l’infidèle
se trouve dans l’attitude du Prophète (bénédiction et
salut soient sur lui) en face de son oncle Abou Talib
et avec son domestique juif. En effet, il dit à Abou
Talib agonisant : « Oncle ! dis : « il n’y a pas d
dieu en dehors d’Allah » afin que je puisse en faire
un argument afin pour te défendre devant Allah »
(rapporté par al-Boukhari, 3884 et par Mouslim, 24).
Présent au chevet de son domestique juif agonisant, le
Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) lui
dit : « Embrasse l’Islam » ou selon la version
d’Ahmad, 12381, dit : « il n’y a pas de dieu en dehors
d’Allah » (rapporté par al-Boukhari, 1356).
Deux remarques utiles de Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde):
Premièrement,
le contenu de l’inculcation doit-il être conçu sous
une forme impérative ? Faut-il que l’inculquant dise à
l’agonisant : « Dis : il n’y a pas de dieu en dehors
d’Allah … » ou suffit-il qu’il prononce la formule
devant lui pour la lui rappeler ?
Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde) dit : « Il convient de tenir compte de
l’état du malade ; s’il est assez résistant ou
mécréant on lui donne un ordre en lui disant : « Dis :
il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah .. ou termine
ta vie par il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah …
ou d’autres expressions similaires.
S’il est un musulman faible, on ne lui donne pas
d’ordre, mais on se contente de mentionner Allah pour
qu’il entende et se souvienne. Cette explication
détaillée est le fruit d’un examen des textes (de
référence). S’agissant des textes, ils nous apprennent
que le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui)
avait donné à son oncle Abou Talib agonisant l’ordre
de dire : « il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah
… » en lui disant : oncle, dis : « il n’y a pas de
dieu en dehors d’Allah ».
Quant au résultant de l'examen attentif des textes, il
permet de déduire que si l’agonisant prononce la
formule qui lui est inculquée, c’est mieux pour lui.
S’il refuse de la prononcer, il est mécréant. S’il lui
était difficile de la prononcer et qu’il s’en
abstienne pour cela, cela n’aurait aucun effet sur son
sort.
De même, s’il s’agit d’un malade musulman bien capable
de prononcer la formule, le fait de lui en donner
l’ordre ne changerait rien. S’il est faible, le fait
de lui en donner l’ordre peut susciter une réaction
marquée par la colère ou le refus au moment de quitter
la vie d’ici-bas.
Certaines personnes, bien portantes refusent d’obéir
par excès de colère quand on leur dit : « Dis: il n’y
a pas de dieu en dehors d’Allah … » . La colère fait
oublier certains et les incite à dire : « Je ne le dis
pas ». Que dire alors de celui qui se trouve dans
l'agonie ?
Deuxièmement,
on se contente d’inculquer au malade : « il n’y a pas
de dieu en dehors d’Allah » sans y ajouter :
« Muhammad est le Messager d’Allah parce que c’est ce
qui est dans le hadith : « Inculquez à vos mourants:
il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah » et parce que
le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a
dit : « entrera au paradis celui dont la dernière
parole est : « il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah
… ». Le mot de l’unicité (c’est-à-dire : il n’y a pas
de dieu en dehors d’Allah » est la clé de l’Islam. Ce
qui le suit le complète et en découle. Si l’inculqué
prononçait les deux phrases de la profession de foi,
il n’en aurait pas moins fait de : « il n’y a pas de
dieu en dehors d’Allah .. » sa dernière parole puisque
l’attestation de la prophétie de Muhammad complète la
première attestation. C’est pourquoi le Prophète
(bénédiction et salut soient sur lui) a fait des deux
attestations un seul pilier de l’Islam. Aussi ne
répète-t-on pas l’inculcation. Apparemment, il ne
suffit pas que l’agonisant se contente de dire :
« J’atteste que Muhammad est le messager d’Allah ».
Car il faut qu’il dise d’abord : « il n’y a pas de
dieu en dehors d’Allah ».Extrait de Charh al-mumti’,
5/177.
-
Le hadith: « Oncle ! Dis : « il n’y a pas de dieu en
dehors d’Allah »
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« Oncle maternel ou paternel ! »
-
« Oncle maternel »
-
« Est-il vraiment meilleur pour moi de le dire ? ! »
« Oui » (rapporté par Ahmad, 13414)» peut servir
d’argument pour soutenir qu’on peut donner au musulman
l’ordre de prononcer la formulation en question. Il en
est de même du contenu de la conversation entre Omar
ibn al Khattab et son médecin. Quand ce dernier fit
boire du lait caillé au premier et que la boisson
coula blanche et solidifiée à travers la blessure
ouverte par le coup, il lui dit :
-
Commandeur des croyants, fais un testament !
-
Tu m’as dit la vérité ; si tu parlais autrement, je te
démentirais ».
A l’entente de ces paroles, les gens pleurèrent.
-
« Ne pleurez pas devant moi ». Dit Omar.
« Celui qui veut pleurer doit sortir d’ici.
N’avez-vous pas entendu le Prophète (bénédiction et
salut soient sur lui) dire : « Le mort sera châtié en
raison des pleurs qu’il aura provoqué » (rapporté par
Ahmad, 296). Selon Ahmad Shakir sa chaîne est
authentique.
Traitez avec lui comme indiqué ci-dessus.