
QUEL AMOUR AU SEIN DU COUPLE ?
Question: En
sachant que le croyant et la croyante doivent aimer
Allah et Son Messager (sallâllâhou alayhi wa sallam)
plus que tout autre chose, quelle est donc la nature des
sentiments qui existe au sein du couple musulman ? Amour
passionnel, romantique… ?
Réponse: Afin de mieux comprendre le type d'amour qui
unit les époux au sein du couple, tel qu'il est perçu en
Islam, il convient d'abord de rappeler que le sentiment
amoureux peut être de deux natures différentes.
* S'il est d'origine naturelle et ne découle pas
réellement d'une quelconque réflexion ou méditation, les
savants musulmans l'appellent "Houbb Tab'iy"
(littéralement, "amour inné"). C'est ce genre d'amour et
d'affection qui unit par exemple les parents aux
enfants, mais également les époux entre eux. Le
Qour'aane lui-même nous apprend que les sentiments qui
unissent l'époux et l'épouse proviennent d'Allah:
"Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des
épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles
et Il a mis entre vous de l'affection et de la bonté. Il
y a en cela des preuves pour des gens qui
réfléchissent." (Sourate 30 / Verset 21)
* S'il est le fruit de la réflexion ou d'analyses
rationnelles, il est connu sous le nom de "Houbb 'Aqliy"
(littéralement, "amour qui naît du raisonnement").
L'amour du croyant pour Allah et Son Messager (sallallâhou
alayhi wa sallam) sont (à l'origine) de cette nature. En
effet, l'attachement éprouvé vis-à-vis du Créateur Tout
Puissant et de Son Prophète (sallallâhou alayhi wa
sallam), qui est le produit même de la foi, est alimenté
par la connaissance de Dieu. A chaque fois que l'être
humain se rend compte de la Grandeur et de la Majesté
d'Allah, au fur et à mesure qu'il en apprend au sujet de
Ses attributs de perfection, qu'il prend conscience de
l'étendue de la Miséricorde divine et des bienfaits qui
lui ont été accordés, son amour pour Allah croît. De
même, plus il en apprend sur les qualités du Prophète
Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), sur la
perfection de son caractère et de sa personnalité, sur
sa beauté, sur sa bienfaisance envers l'Humanité
entière, bref, sur ce tout ce qui a fait de lui la
meilleure créature d'Allah, plus l'amour éprouvé pour le
Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) prend
de l'importance.
Il est important de noter que l'être humain ne peut
maîtriser et contrôler réellement l'intensité du "Houbb
Tab'iy". Comme Allah proclame Lui-même dans le Qour'aane
qu'il n'impose à aucune âme ce qui est au-dessus de sa
capacité, c'est la raison pour laquelle, tant que ce
sentiment ne devient pas un obstacle dans la soumission
envers Allah et Son messager (sallallâhou alayhi wa
sallam), sa présence n'est en aucun cas répréhensible,
même s'il est d'une grande intensité.
A partit de là, on peut déjà arriver à deux conclusions:
* L'amour qu'éprouvent le croyant et la croyant pour
Allah et Son Messager étant de nature différente à celle
qu'ils éprouvent pour leurs proches ou leur époux (se),
c'est la raison pour laquelle, leur présence simultanée
est tout à fait possible.
* L'amour du croyant(e) pour son époux(se) étant un
sentiment naturel et incontrôlable, il ne fait donc pas
directement l'objet de prescriptions quelconques. Ce qui
signifie que, quelque soit l'expression qu'il revêt
(amour passionnel, romantique etc…), il ne se pose pas
en contradiction avec la foi, à condition bien sûr qu'il
ne constitue pas un obstacle par rapport à la pratique
de l'Islam. (Réf: "Fath oul Bâriy", "Irchâd oul Qâriy",
"Mâ'rif oul Qour'aane", "Bawâdir oun Nawâdir" …)
Cependant, pour être complet, il convient de rappeler
les propos du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa
sallam):
"Aucun d'entre vous ne peut être un véritable (et
parfait) croyant, tant que je ne suis pas plus cher à
ses yeux que son père, ses enfants et tous les gens en
général."
En commentant ce Hadith, Allâmah Khattâbi r.a. évoque
justement le fait qu'il n'est pas question ici de
l'amour inné, qui est, rappelons-le à nouveau,
incontrôlable. Ce Hadith porte sur le "Houbb 'Aqliy". A
ce niveau, l'amour d'Allah et de Son Messager (sallallâhou
alayhi wa sallam) doivent primer sur tout autre chose.
Cependant, il est indéniable qu'à partir du moment où la
foi atteint son paroxysme au sein du croyant, alors ce "Houbb
'Aqliy" envers Allah et le Prophète Mouhammad (sallallâhou
alayhi wa sallam) dépasse réellement (et de loin) toute
autre forme d'amour et d'attachement et devient lui
aussi incontrôlable. A ce stade, le "Houbb 'Aqliy" est,
à l'instar du "Houbb Tab'iy", pratiquement instinctif.
Nous avons des preuves vivantes de cette évolution en la
personne des Compagons (radhia Allâhou anhoum).
A titre d'exemple, je vais citer quelques récits (parmi
des dizaines d'autres) qui illustrent parfaitement
combien l'amour de ces personnages (radhiallâhou anhoum)
pour Allah, Son Messager et l'Islam en général était
profond. Je demanderai à tous les lecteurs et lectrices
de méditer sur les récits qui vont suivre, et d'essayer
d'imaginer à partir de là combien les Compagnons (radhia
Allâhou anhoum) étaient des gens exceptionnels et
combien ils ont consenti à des sacrifices énorme pour la
cause de cette religion.
1. Il est rapporté au sujet de Abdoullâh Ibné Zayd Ibné
Abd Rabbih (radhia Allâhou anhou) (ce Compagnon (radhia
Allâhou anhou) est celui qui avait vu en rêve l'adhân
(l'appel à la prière)) qu'une fois, alors qu'il était en
train de travailler dans un de ses jardins, son fils
vint le trouver et lui annonça que le Prophète Mouhammad
(sallallâhou alayhi wa sallam) avait quitté ce monde. Il
fit alors l'invocation suivante: "Ô Allah ! Reprends ma
vue afin que je ne voie plus personne après mon
bien-aimé, Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)." Il
est rapporté que son invocation fut immédiatement
acceptée et il perdit la vue. (Réf: "Mawâhib Ladounya"
de Allâmah Al Qoustoulâni r.a.)
2. Il est rapporté en ce sens qu'à la suite d'une
bataille qui eut lieu sous le califat de Oumar (radhia
Allâhou anhou), un gouverneur byzantin réussit à
capturer 80 soldats musulmans, parmi lesquels il y avait
Abdoullâh Ibné Houdhâfa Sahmi (radhia Allâhou anhou),
l'illustre Compagnon du Prophète Mouhammad (sallallâhou
alayhi wa sallam) . Le gouverneur tenta par tous les
moyens de convertir Abdoullah (radhia Allâhou anhou) au
christianisme. Il essaya d'abord de le convaincre par
des méthodes "douces", en lui proposant le pouvoir (et
même la main de sa fille, selon une version). Abdoullah
(radhia Allâhou anhou) lui répondit: "Même si tu me
donnais tout ce que tu possèdes, ainsi que l'ensemble de
ce qui appartient aux arabes afin que je délaisse la
religion de Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne
serait-ce que le temps d'un clin d'œ il, je ne le ferai
pas." Comme cela n'eut aucun effet, il décida alors
d'employer la méthode forte: Il menaça ainsi de le tuer.
Abdoullah (radhia Allâhou anhou) lui répondit:
"Fais ce que tu veux !" Abdoullah (radhia Allâhou anhou)
fut alors attaché à une poutre et des archers furent
désignés afin de tirer des flèches tout autour de son
corps. A chaque flèche tirée, on lui demandait à nouveau
s'il acceptait de se convertir. Sa réponse ne variait
pas: Il ne cessait de refuser. Après un certain moment,
le gouverneur demanda qu'on le fasse descendre. (Selon
une version, il est dit qu'il fut emprisonné ensuite
durant trois jours et on ne lui donna rien à boire ou à
manger durant ce laps de temps. Après quoi, on lui
proposa de la chair de porc et du vin. Abdoullah (radhia
Allâhou anhou) s'exclama alors: "Bien qu'il me soit
permis de consommer de ces choses juste en quantité
suffisante afin que je reste en vie, mais je ne ferai
jamais une chose qui réjouisse un infidèle et qui
souillera pour toujours l'honneur des musulmans, en ce
sens qu'on croira que ceux-ci craignent la mort".)
Le gouverneur ayant alors perdu tout espoir, il demanda
que l'on fasse bouillir de l'eau (ou de l'huile, les
versions divergent) dans un grand récipient. Il y jeta
alors un des musulmans sous les yeux de Abdoullah (radhia
Allâhou anhou), afin que celui-ci soit témoin de la mort
et qu'il accepte enfin de se convertir. Mais celui-ci ne
céda pas. Le gouverneur ordonna alors que l'on jette
Abdoullah (radhia Allâhou anhou) dans l'eau (ou
l'huile).
Lorsqu'on était en train de l'y conduire, des larmes
commencèrent à couler de ses yeux. Le gouverneur déclara
alors: "Il semblerait que tu commence à avoir peur de la
mort maintenant. Si tu acceptes de te convertir au
christianisme, tu auras la vie sauve." Abdoullah (radhia
Allâhou anhou) refusa une nouvelle fois. Le gouverneur
lui demanda:
"Pour quelle raison pleures-tu donc ?" Le Compagnon (radhia
Allâhou anhou) répondit : "Ce qui me fait pleurer c'est
l'idée que je vais être jeté dans ce récipient et je
vais y perdre immédiatement la vie, alors que j'aurai
désiré avoir autant de vie que de poils sur mon corps,
afin que je les sacrifie toutes pour la cause d'Allah."
Le gouverneur (exaspéré) lui dit: "Accepterais-tu
d'embrasser mon front, en échange de quoi je te
libérerai ?" Abdoullah (radhia Allâhou anhou) répliqua:
"Libèreras-tu également tous les autres prisonniers ?"
Il accepta.
Abdoullah (radhia Allâhou anhou) raconte: Je me suis dit
en moi-même: "Un ennemi d'Allah… Si j'embrasse son
front, il me libère ainsi que tous les autres musulmans…
je ne m'en soucie guère (tant pis, je le fais) …" Il
s'approcha et embrassa son front. Tous les musulmans
furent libérés. Abdoullah (radhia Allâhou anhou) les
accompagna jusqu'à Oumar (radhia Allâhou anhou) et lui
raconta ce qui s'était passé. Oumar (radhia Allâhou
anhou) dit alors: "C'est un devoir pour chaque musulman
que d'embrasser le front de Abdoullah Ibné Houdhâfa (radhia
Allâhou anhou) et je commence à le faire moi-même."
Oumar (radhia Allâhou anhou) se leva et embrassa son
front. (Réf: "Hayât-ous-Sahâba" . La Tradition est
reproduite à partir de "Kanz-oul-Oummâl", qui lui même
le cite de Bayhaqui et Ibné Asâkir.
Dans l'ouvrage "Al Isâbah", il est rappelé que cette
tradition est confirmée par une autre version rapportée
toujours par Ibné Asâkir de Ibné Abbâs (radhia Allâhou
anhou).)
3. On rapporte que durant la bataille de "Ouhoud", une
femme musulmane (radhia Allâhou anha) perdit son époux,
son père et son frère. Lorsqu'on vint lui annoncer ces
tristes nouvelles, sa première réaction fut de demander
si le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)
allait bien. On lui répondit par l'affirmative, mais
elle ne fut pas rassurée et voulut voir le Prophète
Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) de ses propres
yeux. Dès qu'elle vit enfin le Prophète Mouhammad (sallallâhou
alayhi wa sallam) , elle s'exclama: "A partir du moment
où vous êtes en vie, il m'est facile de supporter toutes
les autres épreuves".
(Réf: "Madhâhir Haqq" et "Fadhâïl 'Amâl")
Qu'Allah augmente notre amour pour Lui et pour Son
Messager (sallallâhou alayhi wa sallam) et nous accorde
à tous l'opportunité de manifester cet amour par une
soumission totale envers eux.
Qu'Allah renforce chez chacun d'entre nous l'amour et le
respect pour l'ensemble des Compagnons (radhia Allâhou
anhoum).
Qu'Allah fasse de chacun d'entre nous des musulmans et
des musulmanes dignes de ce nom, prêts à tous les
sacrifices pour la cause de notre belle religion, qui
est aussi le plus grand bienfait qui ait été accordé à
l'Humanité entière, l'Islam.
Âmine
Et Allah Seul détient la Vérité !
Patel Mohammad

 |